Le 14 février, les amoureux de reggae ont rendez-vous... au cinéma ! Bob Marley One Love, biopic sur le célèbre artiste, débarque pour la Saint-Valentin 2024. Nous avons pu le découvrir en avance.
Un biopic sur Bob Marley le jour de la Saint-Valentin, c’est tout un symbole ! L’homme qui a toujours prôné l’amour, la liberté et la justice débarque dans les salles obscures ce 14 février, dans un film de près de 2 heures réalisé par Reinaldo Marcus Green (La Méthode Williams). Mais ne vous attendez pas à une œuvre exhaustive. “Nous nous sommes concentrés sur une période de création musicale de génie musical”, résume le cinéaste à l’occasion de la première de son Bob Marley One Love. “Bob a mis les bouchées doubles, en créant l’un des meilleurs albums du 20ème siècle (Exodus, ndlr) (...) nous voulions ainsi montrer l’homme derrière la musique ou au moins une fenêtre de son existence”.
"One Love, One Life"
En guise d’introduction, Bob Marley One Love nous plonge à Kingston, Jamaïque, en 1976. Le pays glisse dangereusement vers la guerre civile, alors que deux groupes politiques s’affrontent. On ne va rien vous spoiler, mais le chanteur échappe de justesse à un événement tragique qui va l’encourager à porter ses valeurs au monde entier. Robert Nesta (de son vrai nom) se réfugie ensuite entre autres en Angleterre, où il va pouvoir réinventer sa musique | accoucher d’Exodus, son album chef d'œuvre.
Avec le biopic de Green, on a l’impression que le succès mondial de Bob Marley naît de sa rencontre avec des sonorités occidentales (le son cristallin de la Stratocaster notamment) alors que c’est en fait la reprise de son I Shot the Sheriff par Eric Clapton qui fait office de déclencheur. Ce passage est aux abonnés absents, et ce n’est malheureusement pas le seul. “On peut pas raconter une vie en 2h”, se justifie le réalisateur, toujours lors de la première de One Love. Le problème, c’est que le film met de côté trop de pièces du puzzle. Bob Marley prend ici des airs de prophète presque déshumanisé ! Ses nombreuses conquêtes sont vite fait évoquées, il fait preuve d’un enthousiasme à toute épreuve et ne doute presque jamais. Plus que le personnage, c’est l’image qui lui a survécu qui parle d’abord, et même les quelques flash-back sur son enfance sont, à notre goût, insuffisants pour comprendre qui était vraiment Robert Nesta.
Un prophète et c’est tout ?
Bon, après, le bougre était peut-être irréprochable… Mais ce n’est pas ce que laisse entendre Kevin Macdonald, réalisateur du documentaire Marley (où figurent 90 proches de l’artiste). En 2012, il note que “chacun a sa vision” de l’homme. “Même s’ils avaient des choses à lui reprocher, ils éprouvaient tous un profond respect” ! Un respect qui, pour One Love, est sans doute le résultat de l’influence de Ziggy Marley, fils aîné de la légende et ici producteur aux côtés de deux de ses soeurs Cedella | Rita.
Après tout, ce ne serait pas la première fois qu’un biopic est un peu trop materné. Pour rappel, le film Bohemian Rhapsody a été co-produit par Brian May et Roger Taylor, guitariste et batteur de QUEEN. Ziggy Marley fait, d’ailleurs, l’objet d’un “culte” un peu malaisant dans le long-métrage. Il est plusieurs fois cité, montré à la caméra, laisse aucune chance à ses frères-sœurs d’exister à l’écran. Dommage.
Réalisation sobre mais juste
En revanche, la Jamaïque, elle, existe à l’écran… Green et ses équipes sont allés poser leur caméra directement sur les terres natales de Bob, et ça se voit. Pour les passages sur l’île, la mise en scène dévoile de superbes plans où la flore sauvage cotoit la pauvreté de “Trenchtown” à Kingston, là où le musicien a grandi. Mais ce qu’il y a de plus vrai que nature, c’est l’interprétation de Kingsley Ben-Adir dans le rôle principal. D’une, la ressemblance entre lui et la star est parfois troublante - mais surtout, l’acteur retranscrit avec bio l’attitude, le déhanché de Marley ! La synchronisation labiale est assez irréprochable, et le comédien s’amuse même à brouiller les pistes entre le biographique et le réel, en poussant lui-même la chansonnette. De quoi créer des instants suspendus marquants, mine de rien.
Au final : One Love donne souvent l’impression qu’une caméra 4K a été téléportée dans les années 1970, et c’est très agréable… Les scènes de concert ne sont ni trop longues, ni trop “forcées”, et en ce sens, l’objectif de Green de montrer “une fenêtre” de la vie de Bob Marley est rempli. Et l’un dans l’autre, malgré les reproches évoqués plus tôt, nous nous sommes laissés transporter. À l’image des croyances rastafari de l’artiste qui irriguent tout le long-métrage - One Love exerce parfois une sorte de fascination mystique sur le spectateur. Bref, c’est pas parfait, mais c’est plutôt une bonne pioche.