Le superyacht d’un oligarque russe confisqué par les États-Unis

Amadea est un yacht pour le moins impressionnant de pas moins de 106 m de long et d’une valeur estimée à 325 millions de dollars. Particulièrement luxueux, il dispose d’une piste d'atterrissage pour hélicoptère sur son pont avant, une piscine ornée de mosaïques à l'arrière, d'un jardin d'hiver, d'une salle de cinéma intérieure, etc.

Selon Washington, il appartiendrait à Suleyman Kerimov qu’on surnomme le Gatsby russe. Cet homme qui possède également quatre villas sur la Côte d’Azur est actuellement visé par de multiples procédures judiciaires pour fraude fiscale.

Il est connu pour ses investissements dans divers secteurs tels que l'immobilier, les mines et les actions. Cependant, ses activités ont attiré l'attention des autorités, notamment aux États-Unis, où il a été sanctionné pour ses liens présumés avec le président russe Vladimir Poutine en 2018. Malgré les sanctions en vigueur, il aurait acheté le superyacht Amadea par le biais de diverses sociétés, une stratégie couramment utilisée pour masquer la véritable propriété d'un bien.

Cette manœuvre a soulevé des questions juridiques étant donné que Kerimov était sous sanctions, ce qui limitait ses transactions financières internationales. Cela ne l’a pourtant pas empêché d’engager des travaux d'entretien sur le navire pour une somme dépassant le million de dollars. Ces allégations sont basées sur des documents judiciaires, ce qui signifie qu'elles sont actuellement examinées par les tribunaux. Si elles sont prouvées, Kerimov pourrait faire face à des conséquences juridiques supplémentaires.

Le superyacht a d’abord été saisi par les autorités fidjiennes en 2022, il était alors soupçonné de faire route vers Vladivostok un port russe proche de La Corée du Nord. Par la suite, le navire a été saisi par le Ministère américain de la Justice et se trouve actuellement à quai en Californie.

À qui appartient vraiment l’Amadea ?

Bien que les États-Unis attribuent la propriété de l’Amadea à Suleyman Kerimov, cela se révèle bien plus compliqué dans les faits. Les avocats de Edouard Khudainatov, un autre oligarque russe qui n’a actuellement pas de sanction à son encontre, prétendent que le superyacht serait en réalité le sien ! Ils ont déposé des documents juridiques l’année dernière afin de contraindre les autorités à restituer le navire.

Cette bataille souligne les défis inhérents à l'identification du propriétaire réel d'un superyacht. Selon Insider, ces difficultés sont souvent dues à une structure de propriété complexe qui peut impliquer l'utilisation de sociétés écrans.

Pour rappel, une société écran est une entité juridique créée pour dissimuler la véritable propriété ou le contrôle d'un bien. Elle peut être employée pour protéger l'identité du véritable propriétaire pour des raisons de confidentialité ou pour des raisons fiscales. Dans le cas de l'Amadea, cela a permis de semer le doute sur l'identité du véritable propriétaire du superyacht.

En outre, ces structures de propriété peuvent être internationales, avec des sociétés écrans dans différents pays, ce qui complique encore davantage la tâche des autorités. C'est pourquoi la détermination de la propriété de superyachts comme l'Amadea peut devenir une question complexe, nécessitant une enquête approfondie et une coopération internationale.

Cette pratique n'est pas rare dans l'industrie des superyachts. Beaucoup de ces navires sont enregistrés dans des juridictions offshore pour des raisons fiscales et de confidentialité. Cela peut rendre la détermination du véritable propriétaire encore plus difficile étant donné que les lois et règlements de ces juridictions peuvent varier considérablement de ceux des pays où les autorités tentent de faire appliquer leurs lois.

La récente plainte déposée par les États-Unis contre l'Amadea est le dernier incident en date lié à la saisie d'actifs russes suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Selon Forbes, depuis avril, au moins 15 superyachts associés à des milliardaires russes sanctionnés ont été saisis ou gelés par les pays occidentaux. Parmi eux, l'Alfa Nero, d'une valeur de 120 millions de dollars, et le Dilbar, d'une valeur de 735 millions de dollars, saisi pour sa part par l’Allemagne. Les gouvernements qui ont saisi ces actifs visent à en reprendre la propriété, ce qui nécessiterait de prouver qu'ils sont liés à une activité criminelle. Les fonds générés par ces saisies pourraient être utilisés pour aider à la reconstruction de l'Ukraine.